jeudi 5 avril 2018

Concertation ?

Une technique et un scénario bien rodés

La méthode est maintenant bien rodée :
On annonce un projet de loi, au moins dans ses grandes lignes, et souvent en plus détaillé. On annonce aussi qu'il y aura concertation.
Les partenaires protestent : "le texte est ficelé, la concertation bidon". Ils y vont quand même. 
Indéniablement, le pouvoir les écoute ; mais c'est une technique paratonnerre : on gomme les aspects qui font le plus hurler, aux dépends du reste. On donne quelques grains à moudre à certains, histoire de fissurer le front des opposants.
Et grâce à la majorité des godillots aux discours clonés, on fait passer le texte initial à quelques chouïas près

Exemple : les cheminots 

Pour des raisons idéologiques,  faire sauter tout ce qui protège des salariés, flexibiliser voir précariser le salariat (comme l'a fait la loi travail en facilitant considérablement le licenciement au bon vouloir de l'entreprise), le gouvernement a attaqué de front les cheminots en annonçant la suppression du statut. C'était même un souffle polaire au début : on ne précisait nique seuls les nouveaux embauchés seraient exclus du statut, ni comment cela allait se passer pour des personnels dont les lignes ou les créneaux ne seraient plutôt exploités par la SNCF. 
Chiffon rouge, donc, au début puis paroles moins hostiles et plus prudentes : la population n'est pas vraiment hostile aux cheminots (on a peine à se les imaginer en privilégiés !) et des attaques trop violentes contre eux risqueraient de faire perdre au gouvernement la bataille de l'opinion. Évidement, comme tous les gouvernement de droite avant Macron, on essaye d'opposer usagers et agents.
Et puis maintenant, évidemment, on assouplit le discours : après le froid, on souffle du tiède, mais le fond demeure.
L'issue est certaine : in fine il fera passer sa loi après avoir ameubli le terrain, ce qui permettra de labourer encore plus profond, la prochaine fois.

Victoire à la Pyrrhus ?

Mais ce qui est moins certain, c'est le résultat au niveau de l'opinion publique : un grève plus intelligente que d'habitude, très suivie, qui gêne moins les usagers qu'en 65. Un discours du gouvernement qui passe de plus en plus mal : comment diable le statut peut-il expliquer la situation très mauvaise du service public ? Le discours des syndicats est beaucoup plus crédible aujourd'hui et la presse le relaie de mieux en mieux. En plus le rapprochement de ce qui se passe à la SNCF avec la situation d'autres services publics, comme la justice, comme les hôpitaux, comme l'université, rend patent que le "ni droite ni gauche" est économiquement libéral et anti services vraiment publics.

Faible compétitivité de la SNCF ?

L'alibi de Macron pour détruire le statut est le renchérissement des coûts qu'il causerait face une concurrence allégée de ce "fardeau". Cet argument peut être contré à plusieurs niveaux.
D'abord, s'il est probable que le coût de transport ferroviaire en France est plus élevé, encore faudrait analyser sérieusement, c'est à dire poste par poste, d'où viendrait ce surcoût. En particulier : impact de la dette ???
Ensuite, la libéralisation du marché de l'énergie ne s'est pas accompagnée d'une casse sociale comme celle qui a eu lieu à France Télécom et que le gouvernement veut imposer à la SNCF.
En fait le statut a été étendu à tous les acteurs potentiels du marché de l'énergie : une sorte de convention de branche. Pourquoi ne pas pousser les feux de la convention similaire en préparation pour le rail ??? Cela permettrait de mettre les entreprises œuvrant sur le rail hexagonal, sur un pied d'égalité.
Autre aspect sur lequel le gouvernement est d'une grande discrétion : quand on parle de concurrence, il faudrait aussi traiter de la concurrence rail-route !! Dumping européen qui n'est que partiellement maîtrisé pour les salaires et très faible participation du transport routier aux investissements routiers : à quand les portiques pour le transport à longue distance ????

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